Hocine Nedjar
2011-08-17 09:29:23 UTC
Paris an 17/08/2011.
Demad deoh. Frank Bodenes en eus laquet hirio eun articl ebars he
léhienn diwar benn "Breiz Atao".
Se n'eo ket nevé. Dre an amzairiou a sevel ideologiesou nevé , coz
diwar benn petra eo eur vro ? Penaos a so graet ar poblou ? Petra eo
eur ouenn? ....
Abaoe dek vla ma ne vije ket a raok , ancoun a ran al lar en doa laret
Valerie Giscard DESTAING diwar benn " Les Invasions", ni o glevout tud
evel Yann-Vari ar PENN pe Claude GUEANT comzou diwar benn crescadur ar
vuzulmis e bro Frans.
Hervès em eus lennet aman hac ahont niver ar vusulmis a zo tost deus 5
million den. Ar vusulmis a houlenn ma vije savet muioh ar voskennou
ewid ober o pedenou.
E vro Wened e vo savet eur voskenn hac unan all e Brest. Se so eun dra
neve e Breiz da wellout ginidigès eur religion nevé war douar Breiz.
Hirio am eus cavet eun articl mad a walah diwar benn " Petra eo eur
ouenn ? " an oberenn a so eur Ollscholiater eus vro Kabylie, é ano a
so Ahcène AMARROUCHE, hennez a gomz el lodenn genta diwar benn an
diaes da strisa petra eo eur ouenn, eur pobl, eun éthny, evitan eun
ethny a so eun dra istorel hac eun ouenn (race) eun dra ideologel. Hac
en eil lodenn Ahcène AMARROUCHE a gomz diwar benn ar Yuzevion dre an
amzair ha penaos en em wellont. Hervès Ahcène AMARROUCHE ar Yuzevion a
oa e meur a vro abaoe an amzeriou centa bete hirio, Ahcène AMRROUCHE a
lar " Ar Yuzevion a oa e bro ar Gabiled hac "al Kahina a oa Prinsès ar
Yuzevion bro Gabyle araok e oa deuet an arabis gand an Islame". Ar
pouès a zo laquet ganta diwar benn an tri religion an nenv da lavaret
eo : Ar Judaism da genta, goude ar Hristianism ha benn awn diweza an
Islam.
Setu articl Ahcène AMARROUCHE am eus tennet eus hazetenn " Le Soir
d'Algerie" :
LES NOTIONS DE PEUPLE ET DE RACE CHEZ LES JUIFS
Un enjeu des négociations actuelles
Par Ahcène Amarouche, universitaire
A la veille du dépôt par les dirigeants de l’Autorité palestinienne
d’une demande de reconnaissance par l’ONU d’un Etat palestinien sur
les frontières antérieures à la guerre des Six Jours (juin 1967), il
est utile de revenir sur les notions de peuple et de race chez les
Juifs (anciens et modernes) pour comprendre le sens de leur exigence
d’une reconnaissance par les Palestiniens d’Israël comme Etat du
peuple juif.
1. Les notions de peuple et de race dans leur contexte historico-
conceptuel.
Dans la plupart des langues du monde présentement parlées et/ou
écrites, il existe un terme spécifique équivalent du mot français
«peuple» qui s’est fixé dans sa quintessence selon une trajectoire
similaire en dépit d’énormes différences dans son évolution historique
concrète. A l’origine, et dans la plupart des cas, il réfère
simplement à une communauté de gens qui ont en partage un même
territoire et qui développent en une culture spécifique diverses
coutumes et traditions pouvant former à la longue un éthos et une doxa
propres. Il n’est pas rare que cette communauté de gens possède une
base ethnique sur laquelle viennent se greffer une multitude de
groupements humains d’autres origines ethniques, qui se fondent en
elle jusqu’à ne plus faire qu’une seule et même communauté. L’histoire
de l’humanité regorge de situations de ce genre où, à la faveur des
invasions d’antan ou de simples mouvements de populations causés par
des circonstances impérieuses, de nouveaux peuples se forment, sur une
base culturelle et linguistique déjà existante, remodelée seulement
dans ses contours par les apports des nouveaux venus – fussent-ils les
vainqueurs des guerres d’extension des anciens empires – ou refondue
de fond en comble sous le poids écrasant de la nouvelle culture.
Cependant, le terme de peuple n’a pris un sens véritablement
signifiant qu’avec l’avènement des nations et des Etats modernes qui
cristallisent la représentation à la fois concrète et abstraite (au
travers de leurs institutions internes et de la reconnaissance de leur
existence par les autres Etats-nations) de la personnalité morale du
peuple dans ses diverses composantes ethniques. Comme tel, le contenu
du mot «peuple» n’a plus vraiment grand-chose à voir avec celui
d’ethnie puisque non seulement il y a eu dans la plupart des cas un
brassage de populations de provenances ethniques lointaines (dans
l’espace et dans le temps), mais aussi un regroupement en une seule et
même nation, sous l’autorité d’un seul et même Etat, de communautés
voisines aux origines ethniques proches mais distinctes. Outre que ces
communautés ne peuvent en général se soustraire au mélange de leurs
membres au travers des mariages mixtes qui répondent souvent aux
nécessités de l’existence toutes prosaïques du moment, il se crée en
leur sein un mode de penser et d’agir qui transcende leurs origines
ethniques, leurs différences linguistiques et leurs idéologies
religieuses pour ne laisser subsister que des préjugés raciaux dont
les fonctions sociales varient selon les prédispositions des gens
jusqu’à prendre une tournure dramatique en certaines circonstances.
Mais la base sociopolitique des Etats-nations modernes – certains
pouvant avoir été formés au demeurant de façon parfaitement
artificielle comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Afrique noire
– se définit toujours hors de toute référence à la notion d’ethnie. Ce
n’est que dans des situations de conflits ouverts que certains hommes
politiques tentent de mobiliser leurs partisans en l’invoquant plus ou
moins explicitement comme ce fut le cas dans le conflit ivoirien où
fut mis en avant le concept d’ivoirité derrière lequel se cachaient
des dissensions interethniques et interconfessionnelles. Il arrive
parfois aussi que la notion d’identité nationale, associée pourtant à
l’idée de nation dans sa diversité ethno-sociale et confessionnelle,
soit manipulée par certains dirigeants politiques qui cherchent à lui
accoler, dans des visées purement politiciennes, un attribut ethnique
pour justifier implicitement leur politique d’exclusion sociale, sur
base ethnocentrique, de certaines composantes du peuple. Ce fut le cas
récemment en France où, à l’instigation du Président Sarkozy et sous
l’autorité du ministre chargé de l’Immigration (Eric Besson), un débat
sur l’identité française a été lancé avec, pour arrière-fond, la
stigmatisation de la communauté musulmane de France – débat qui a
tourné court au grand dam des ténors du parti présidentiel. Quant à la
notion de race, si elle se confond parfois avec celle d’ethnie, elle
en diffère nettement par la charge idéologique qui lui est associée :
au contraire de cette dernière en effet qui, comme notion
anthropologique, est de caractère historique (sur la longue durée, de
nouvelles ethnies se forment et d’anciennes se dissolvent), la notion
de race, de caractère atemporel, se fonde sur l’idée d’un sang pur de
tout mélange, attribué à la descendance de quelque patriarche dont
l’existence est d’autant moins avérée qu’il semble n’avoir pas lui-
même d’ascendance humaine. Notons d’ailleurs ici que la science
moderne prouve contre l’idéologie raciste que le mélange des sangs
participe de la régénérescence des qualités biologiques de l’être
humain tandis que le prétendu sang pur mène à leur dégénérescence – ce
qui est loisible de vérifier à travers la pratique de l’endogamie dans
certains groupes ethniques dans divers pays. Comme mentionné plus
haut, les préjugés raciaux n’en ont pas moins la cote quand
surviennent les crises économiques et sociales qui se transforment
souvent en crises morales. Non seulement alors ces préjugés se
manifestent chez le commun des mortels qui les assimile en même temps
que l’essentiel de la culture de son milieu ambiant, mais aussi chez
les élites intellectuelles – voire scientifiques – et politiques à un
moment ou à un autre de l’évolution historique du pays. Bien entendu,
cela n’est jamais politiquement ni socialement neutre mais répond à
des exigences précises dans des situations particulières. Comme l’on
sait, c’est sous le régime hitlérien que le racisme comme idéologie a
atteint son expression achevée : dans sa démarche de glorification de
la race arienne, le régime a décrété la guerre totale contre les
peuples des autres pays du Vieux Continent et a été conduit à
entreprendre l’extermination des Juifs d’Allemagne. Dans son
aveuglement, le régime hitlérien ne s’est évidemment pas interrogé sur
les origines de la prétendue race arienne : il aurait découvert avec
horreur, comme la science moderne l’a établi avec certitude, que le
peuplement de l’Allemagne, comme de la plupart des autres pays
d’Europe, est le fruit des pérégrinations de peuplades primitives
venues du continent mitoyen – l’Asie – ce qui autorise les
scientifiques à parler à présent de populations indo-européennes au
sujet des peuples de l’Europe. L’idée de sang pur a encore aujourd’hui
une fonction idéologique évidente : ne la trouve-t-on pas inscrite en
lettre de feu dans l’hymne national français ? Parce que cet hymne
participait dès l’origine des mythes fondateurs de la république, les
dirigeants de ce pays sont comme frappés de stupeur et de paralysie à
l’idée de supprimer la strophe où il est dit «Qu’un sang impur abreuve
nos sillons». Mais curieusement, et de façon assez ironique au regard
de ce qu’ils ont subi d’avanies en leur nom tout au long de
l’histoire, c’est chez les Juifs anciens et modernes que les notions
de race et de sang pur se trouvent inscrites en épigraphe à leur
idéologie et qu’elles sont reprises par les dirigeants de l’Etat
hébreu pour être placées au fronton de ses institutions.
2. Les notions de peuple et de race chez les Juifs : des ambiguïtés
bien commodes.
Notons tout d’abord qu’une grande ambiguïté caractérise le mot «juif»
en ce qu’il réfère implicitement à la fois à une supposée ethnie
originelle (les habitants de la Judée antique) et à l’une des trois
religions monothéistes : le judaïsme précisément dont le Livre est
intégralement repris dans la Bible chrétienne sous le nom d’Ancien
Testament. Bien que la religion juive, tout comme les deux autres
religions monothéistes, contienne le principe d’universalité de la
révélation en ce qu’elle affirme l’existence d’un Dieu unique et en ce
qu’elle fait remonter les origines de tous les hommes à une seule et
même ascendance (le couple Adam et Eve), l’imaginaire religieux des
juifs en a fait dès les temps anciens la religion du seul peuple juif
défini sur des bases héréditaires comme Le Peuple Elu ; «un peuple qui
a sa demeure à part et qui ne fait point partie des nations» selon la
formule du troisième livre de Moïse dit Le Lévitique . Aussi, toute la
pensée juive ancienne et moderne (hormis bien sûr les penseurs
critiques qui se sont affranchis des préceptes religieux) a-t-elle
adopté l’idée d’un peuple juif aux origines biologiques parfaitement
distinctes et pures de toutes interférences sanguines. Ces origines
remonteraient à Abraham, patriarche dont la descendance par Isaak
aurait fondé les douze tribus formant le peuple juif et la race juive.
Et si le peuple juif se retrouve à présent disséminé sur la quasi-
totalité du globe, ce serait en raison de l’exil forcé auquel le
soumirent les armées babylonienne (772 av. J.C) et assyrienne (586 av.
J.C) après avoir détruit le premier Temple ; puis l’empire romain
d’Orient et la toute nouvelle religion monothéiste (le Christianisme)
apparue sur les lieux mêmes où le judaïsme prit racine – la Judée –
qui détruisirent le second Temple en 77 après J.C. Telle est la
mythologie nationale de l’Etat hébreu contemporain, alimentée tout au
long des siècles par des penseurs imbus de la supériorité supposée du
peuple juif sur les autres peuples en ce qu’il aurait tout entier
découlé de la semence d’Abraham. Bien que la religion juive ne soit
pas née en Judée mais en Mésopotamie après l’Exil et qu’elle s’y soit
seulement implantée pour se diffuser ensuite dans le pourtour de la
Méditerranée avant et après l’apparition du christianisme, un
glissement sémantique se fit jour donc de ce que l’on peut appeler a
posteriori la «judaïcité» vers le judaïsme, «concept qui caractérise
une civilisation religieuse d’une nature nouvelle» et qui fait
coïncider religion, territoire et ethnie. Quand se produisit ce que
les juifs appellent l’Exil, c’est en référence à la Judée comme patrie
originelle du judaïsme qu’ils le définissent en dépit de cette
mystification et du caractère parfaitement mythologique de l’ampleur
de l’Exode. Aux dires mêmes des auteurs juifs de l’Antiquité et du
Moyen-âge (suivis en cela par les auteurs juifs d’avant l’avènement du
sionisme), la diffusion du judaïsme à travers les continents fut en
réalité le fruit de conversions de communautés entières dont les liens
du sang avec la prétendue descendance d’Abraham est pure affabulation.
L’importance de ce phénomène est tel qu’on vit naître des royaumes
fort éloignés de Judée ayant adopté le judaïsme comme religion
officielle. Sans même remonter aux époques fort anciennes où de petits
royaumes de confession juive se formèrent dans la partie nord et est
du Bassin méditerranéen, de nombreux vestiges archéologiques attestent
de l’existence d’un royaume de confession juive dans le sud de la
péninsule arabique (sur le territoire de l’actuel Yémen) dénommé
royaume himyarite, et ce alors même que la religion chrétienne avait
triomphé de son aînée et néanmoins rivale : le judaïsme. Par ailleurs,
le judaïsme a gagné la Corne de l’Afrique où apparut une communauté de
confession juive (les Falashas) que leurs coreligionnaires de l’Etat
hébreu moderne tinrent il y a quelques décennies éloignés de la Terre
promise vers laquelle pourtant ils favorisèrent l’émigration des
communautés juives d’Europe et d’Amérique ; ce qui suppose qu’ils ne
leur reconnurent pas la même ascendance. Ce fut aux environs de l’an
380 que les Himyarite se convertirent au judaïsme et leur royaume dura
jusque vers l’an 450 de notre ère. Sur la rive sud de la Méditerranée
(y compris sur des portions du territoire de l’ancienne Numidie et
actuelle Algérie), le judaïsme s’implanta aussi, puisque des
communautés juives y ont existé jusqu’à l’avènement de l’Islam et peut-
être même bien après : les historiens affirment que le royaume de la
mystérieuse et néanmoins vaillante Dihya que les arabes surnommèrent
Kahina fut de confession juive. Plus près de nous, dans une contrée
très éloignée de Judée, a existé de façon certaine un royaume de
confession juive dénommé la Khazarie, dont le territoire englobait une
grande partie des territoires des actuels pays d’Europe centrale et
orientale : il s’étendait de Kiev au nord-ouest à la Crimée au sud et
de la Volga à la Géorgie. Ce royaume fut constitué d’un grand nombre
d’ethnies aux parlers divers et variés, allant des Alains aux Bulgares
et des Magyars aux Slaves. Le royaume des Khazars a adopté la religion
juive vers l’an 740 et l’a conservée jusqu’à son effondrement en l’an
1016 de notre ère sous les coups conjugués des armées byzantines et
russes. Mais la religion juive lui survécut, ce qui explique
l’importance numérique actuelle des Juifs d’Europe de l’Est (appelés
juifs ashkénazes) relativement à toutes les autres communautés de
confession juive de par le monde (notamment les juifs sépharade
originaires du Moyen-Orient). Avec l’avènement du sionisme, mouvement
extrémiste né au 19e siècle à l’instigation de penseurs juifs comme
Heinrich Graetz, le phénomène des conversions au judaïsme fut minimisé
– voire complètement nié – parce qu’il s’inscrivait en faux contre la
prétendue origine (raciale et territoriale) commune de tous les Juifs
du monde dont l’Exil aurait favorisé la dissémination sur la quasi-
totalité du globe. Le mythe de l’Exil, qui fut mobilisé pour prôner le
retour des Juifs en Palestine tout au long du 19e siècle et du premier
tiers du 20e est, depuis l’instauration de l’Etat d’Israël sur une
partie de celle-ci en 1948, à la base de l’idéologie expansionniste de
l’Etat hébreu au motif que la Judée (englobant, avec la Samarie, la
totalité du territoire actuel de la Cisjordanie), est le berceau du
judaïsme et la terre natale des ancêtres de tous les Juifs du monde.
On voit bien dès lors la fonction idéologique que l’on fait jouer à
l’Exode (en plus de celle, mobilisée de longue date déjà, consistant à
culpabiliser les adeptes des autres religions et les citoyens des
autres Etats pour la responsabilité supposée de leurs ancêtres dans
l’avènement de l’Exil) : elle consiste à prétendre que les habitants
actuels de Judée sont les descendants d’envahisseurs et que c’est un
juste retour des choses de les en expulser pour y installer les
immigrés juifs en provenance de tous les pays. Le besoin de
reconnaissance d’Israël comme Etat du peuple juif, qui se traduit en
une condition préalable aux négociations avec l’Autorité palestinienne
imposée par les gouvernements israéliens successifs, s’inscrit dans la
logique de la «récupération» de tous les territoires de Judée et de
Samarie, lesquels se confondent avec la Palestine si même ils ne la
débordent pas pour englober certaines portions du Sud Liban, de
l’Ouest jordanien et du Sud syrien (le tout formant ce que les
extrémistes religieux de l’Etat hébreu appellent le Grand Israël).
Autant dire que la satisfaction d’une pareille exigence par les
Palestiniens reviendrait à nier leur propre existence en tant que
nation et en tant que peuple dont l’histoire, dans sa dimension
séculière, ressemble à celle de tous les peuples : à savoir un peuple
pluriethnique, pluriconfessionnel et, sur la longue durée,
plurilinguistique. Dans cette logique, les autorités israéliennes et
les idéologues de l’Etat hébreu passent complètement sous silence le
fait que l’Exode n’a concerné en réalité qu’une minorité des habitants
de la Judée antique, celle qui représentait l’élite et dont les
régimes babylonien et assyrien avaient grand besoin pour se
développer. Dans cette éventualité, et comme c’est en général le cas
dans tous les mouvements de population dans l’histoire de l’humanité,
on peut supposer à bon droit qu’une partie au moins des habitants
actuels de Cisjordanie sont originaires de Judée et de Samarie et sont
de même ascendance que les juifs les plus en lignée avec les habitants
des royaumes juifs antiques de Judée et de Samarie. C’est plus par
acculturation que par colonisation de peuplement qu’ils ont acquis au
fil de l’histoire leur appartenance aux peuples arabes, comme quoi la
notion de peuple est un construit social et historique qui contraste
fortement avec son interprétation idéologique, connotée de racisme,
telle que la promeuvent les penseurs juifs depuis l’avènement du
sionisme. Ce dernier ayant phagocyté ou à tout le moins influencé tous
les autres mouvements intellectuels juifs, on peut imaginer la
conséquence immédiate pour le peuple palestinien de la satisfaction
d’une pareille exigence : elle consisterait à vider de leur contenu
les résolutions 242 et 338 de l’ONU qui lui garantissent, ne serait-ce
que dans le principe, le droit à l’instauration d’un Etat national sur
les frontières d’avant la guerre des Six Jours. Ce ne serait pas
seulement alors le début d’un processus de dé-crédibilisation de
l’instance onusienne : ce serait aussi une façon de faire prévaloir le
droit canon en vigueur dans un seul pays – Israël – sur le droit
international, de caractère positif, accepté par les 193 pays membres
de l’ONU. Cela ne manquera évidemment pas de conforter tous les
extrémismes religieux de par le monde (et en particulier dans le monde
musulman, lequel souffre déjà bien assez de leurs méfaits dont le
moindre n’est pas le terrorisme aveugle). Conclusion. En ces temps de
développement exponentiel des armes de destruction massive (dont les
armes atomiques ne sont pas les moins dévastatrices), pareille
perspective pourrait bien annoncer le commencement de la fin de
l’humanité. On prête à André Malraux l’idée selon laquelle le 21e
siècle sera religieux ou ne sera pas : il risque bien dans
l’éventualité évoquée de ne pas être, étant donné la virulence de
conflits interreligieux et la violence que les extrémistes religieux
imposent à la société dans chaque pays où ils en imposent même aux
autorités politiques qui se réclament formellement du droit séculier.
Mais c’est au Proche-Orient que le sort de l’humanité se jouera de
nouveau si non seulement les hommes, mais les Etats ne font pas preuve
de conciliation par-delà leurs idéologies religieuses.
A. A.
Demad deoh. Frank Bodenes en eus laquet hirio eun articl ebars he
léhienn diwar benn "Breiz Atao".
Se n'eo ket nevé. Dre an amzairiou a sevel ideologiesou nevé , coz
diwar benn petra eo eur vro ? Penaos a so graet ar poblou ? Petra eo
eur ouenn? ....
Abaoe dek vla ma ne vije ket a raok , ancoun a ran al lar en doa laret
Valerie Giscard DESTAING diwar benn " Les Invasions", ni o glevout tud
evel Yann-Vari ar PENN pe Claude GUEANT comzou diwar benn crescadur ar
vuzulmis e bro Frans.
Hervès em eus lennet aman hac ahont niver ar vusulmis a zo tost deus 5
million den. Ar vusulmis a houlenn ma vije savet muioh ar voskennou
ewid ober o pedenou.
E vro Wened e vo savet eur voskenn hac unan all e Brest. Se so eun dra
neve e Breiz da wellout ginidigès eur religion nevé war douar Breiz.
Hirio am eus cavet eun articl mad a walah diwar benn " Petra eo eur
ouenn ? " an oberenn a so eur Ollscholiater eus vro Kabylie, é ano a
so Ahcène AMARROUCHE, hennez a gomz el lodenn genta diwar benn an
diaes da strisa petra eo eur ouenn, eur pobl, eun éthny, evitan eun
ethny a so eun dra istorel hac eun ouenn (race) eun dra ideologel. Hac
en eil lodenn Ahcène AMARROUCHE a gomz diwar benn ar Yuzevion dre an
amzair ha penaos en em wellont. Hervès Ahcène AMARROUCHE ar Yuzevion a
oa e meur a vro abaoe an amzeriou centa bete hirio, Ahcène AMRROUCHE a
lar " Ar Yuzevion a oa e bro ar Gabiled hac "al Kahina a oa Prinsès ar
Yuzevion bro Gabyle araok e oa deuet an arabis gand an Islame". Ar
pouès a zo laquet ganta diwar benn an tri religion an nenv da lavaret
eo : Ar Judaism da genta, goude ar Hristianism ha benn awn diweza an
Islam.
Setu articl Ahcène AMARROUCHE am eus tennet eus hazetenn " Le Soir
d'Algerie" :
LES NOTIONS DE PEUPLE ET DE RACE CHEZ LES JUIFS
Un enjeu des négociations actuelles
Par Ahcène Amarouche, universitaire
A la veille du dépôt par les dirigeants de l’Autorité palestinienne
d’une demande de reconnaissance par l’ONU d’un Etat palestinien sur
les frontières antérieures à la guerre des Six Jours (juin 1967), il
est utile de revenir sur les notions de peuple et de race chez les
Juifs (anciens et modernes) pour comprendre le sens de leur exigence
d’une reconnaissance par les Palestiniens d’Israël comme Etat du
peuple juif.
1. Les notions de peuple et de race dans leur contexte historico-
conceptuel.
Dans la plupart des langues du monde présentement parlées et/ou
écrites, il existe un terme spécifique équivalent du mot français
«peuple» qui s’est fixé dans sa quintessence selon une trajectoire
similaire en dépit d’énormes différences dans son évolution historique
concrète. A l’origine, et dans la plupart des cas, il réfère
simplement à une communauté de gens qui ont en partage un même
territoire et qui développent en une culture spécifique diverses
coutumes et traditions pouvant former à la longue un éthos et une doxa
propres. Il n’est pas rare que cette communauté de gens possède une
base ethnique sur laquelle viennent se greffer une multitude de
groupements humains d’autres origines ethniques, qui se fondent en
elle jusqu’à ne plus faire qu’une seule et même communauté. L’histoire
de l’humanité regorge de situations de ce genre où, à la faveur des
invasions d’antan ou de simples mouvements de populations causés par
des circonstances impérieuses, de nouveaux peuples se forment, sur une
base culturelle et linguistique déjà existante, remodelée seulement
dans ses contours par les apports des nouveaux venus – fussent-ils les
vainqueurs des guerres d’extension des anciens empires – ou refondue
de fond en comble sous le poids écrasant de la nouvelle culture.
Cependant, le terme de peuple n’a pris un sens véritablement
signifiant qu’avec l’avènement des nations et des Etats modernes qui
cristallisent la représentation à la fois concrète et abstraite (au
travers de leurs institutions internes et de la reconnaissance de leur
existence par les autres Etats-nations) de la personnalité morale du
peuple dans ses diverses composantes ethniques. Comme tel, le contenu
du mot «peuple» n’a plus vraiment grand-chose à voir avec celui
d’ethnie puisque non seulement il y a eu dans la plupart des cas un
brassage de populations de provenances ethniques lointaines (dans
l’espace et dans le temps), mais aussi un regroupement en une seule et
même nation, sous l’autorité d’un seul et même Etat, de communautés
voisines aux origines ethniques proches mais distinctes. Outre que ces
communautés ne peuvent en général se soustraire au mélange de leurs
membres au travers des mariages mixtes qui répondent souvent aux
nécessités de l’existence toutes prosaïques du moment, il se crée en
leur sein un mode de penser et d’agir qui transcende leurs origines
ethniques, leurs différences linguistiques et leurs idéologies
religieuses pour ne laisser subsister que des préjugés raciaux dont
les fonctions sociales varient selon les prédispositions des gens
jusqu’à prendre une tournure dramatique en certaines circonstances.
Mais la base sociopolitique des Etats-nations modernes – certains
pouvant avoir été formés au demeurant de façon parfaitement
artificielle comme c’est le cas dans de nombreux pays d’Afrique noire
– se définit toujours hors de toute référence à la notion d’ethnie. Ce
n’est que dans des situations de conflits ouverts que certains hommes
politiques tentent de mobiliser leurs partisans en l’invoquant plus ou
moins explicitement comme ce fut le cas dans le conflit ivoirien où
fut mis en avant le concept d’ivoirité derrière lequel se cachaient
des dissensions interethniques et interconfessionnelles. Il arrive
parfois aussi que la notion d’identité nationale, associée pourtant à
l’idée de nation dans sa diversité ethno-sociale et confessionnelle,
soit manipulée par certains dirigeants politiques qui cherchent à lui
accoler, dans des visées purement politiciennes, un attribut ethnique
pour justifier implicitement leur politique d’exclusion sociale, sur
base ethnocentrique, de certaines composantes du peuple. Ce fut le cas
récemment en France où, à l’instigation du Président Sarkozy et sous
l’autorité du ministre chargé de l’Immigration (Eric Besson), un débat
sur l’identité française a été lancé avec, pour arrière-fond, la
stigmatisation de la communauté musulmane de France – débat qui a
tourné court au grand dam des ténors du parti présidentiel. Quant à la
notion de race, si elle se confond parfois avec celle d’ethnie, elle
en diffère nettement par la charge idéologique qui lui est associée :
au contraire de cette dernière en effet qui, comme notion
anthropologique, est de caractère historique (sur la longue durée, de
nouvelles ethnies se forment et d’anciennes se dissolvent), la notion
de race, de caractère atemporel, se fonde sur l’idée d’un sang pur de
tout mélange, attribué à la descendance de quelque patriarche dont
l’existence est d’autant moins avérée qu’il semble n’avoir pas lui-
même d’ascendance humaine. Notons d’ailleurs ici que la science
moderne prouve contre l’idéologie raciste que le mélange des sangs
participe de la régénérescence des qualités biologiques de l’être
humain tandis que le prétendu sang pur mène à leur dégénérescence – ce
qui est loisible de vérifier à travers la pratique de l’endogamie dans
certains groupes ethniques dans divers pays. Comme mentionné plus
haut, les préjugés raciaux n’en ont pas moins la cote quand
surviennent les crises économiques et sociales qui se transforment
souvent en crises morales. Non seulement alors ces préjugés se
manifestent chez le commun des mortels qui les assimile en même temps
que l’essentiel de la culture de son milieu ambiant, mais aussi chez
les élites intellectuelles – voire scientifiques – et politiques à un
moment ou à un autre de l’évolution historique du pays. Bien entendu,
cela n’est jamais politiquement ni socialement neutre mais répond à
des exigences précises dans des situations particulières. Comme l’on
sait, c’est sous le régime hitlérien que le racisme comme idéologie a
atteint son expression achevée : dans sa démarche de glorification de
la race arienne, le régime a décrété la guerre totale contre les
peuples des autres pays du Vieux Continent et a été conduit à
entreprendre l’extermination des Juifs d’Allemagne. Dans son
aveuglement, le régime hitlérien ne s’est évidemment pas interrogé sur
les origines de la prétendue race arienne : il aurait découvert avec
horreur, comme la science moderne l’a établi avec certitude, que le
peuplement de l’Allemagne, comme de la plupart des autres pays
d’Europe, est le fruit des pérégrinations de peuplades primitives
venues du continent mitoyen – l’Asie – ce qui autorise les
scientifiques à parler à présent de populations indo-européennes au
sujet des peuples de l’Europe. L’idée de sang pur a encore aujourd’hui
une fonction idéologique évidente : ne la trouve-t-on pas inscrite en
lettre de feu dans l’hymne national français ? Parce que cet hymne
participait dès l’origine des mythes fondateurs de la république, les
dirigeants de ce pays sont comme frappés de stupeur et de paralysie à
l’idée de supprimer la strophe où il est dit «Qu’un sang impur abreuve
nos sillons». Mais curieusement, et de façon assez ironique au regard
de ce qu’ils ont subi d’avanies en leur nom tout au long de
l’histoire, c’est chez les Juifs anciens et modernes que les notions
de race et de sang pur se trouvent inscrites en épigraphe à leur
idéologie et qu’elles sont reprises par les dirigeants de l’Etat
hébreu pour être placées au fronton de ses institutions.
2. Les notions de peuple et de race chez les Juifs : des ambiguïtés
bien commodes.
Notons tout d’abord qu’une grande ambiguïté caractérise le mot «juif»
en ce qu’il réfère implicitement à la fois à une supposée ethnie
originelle (les habitants de la Judée antique) et à l’une des trois
religions monothéistes : le judaïsme précisément dont le Livre est
intégralement repris dans la Bible chrétienne sous le nom d’Ancien
Testament. Bien que la religion juive, tout comme les deux autres
religions monothéistes, contienne le principe d’universalité de la
révélation en ce qu’elle affirme l’existence d’un Dieu unique et en ce
qu’elle fait remonter les origines de tous les hommes à une seule et
même ascendance (le couple Adam et Eve), l’imaginaire religieux des
juifs en a fait dès les temps anciens la religion du seul peuple juif
défini sur des bases héréditaires comme Le Peuple Elu ; «un peuple qui
a sa demeure à part et qui ne fait point partie des nations» selon la
formule du troisième livre de Moïse dit Le Lévitique . Aussi, toute la
pensée juive ancienne et moderne (hormis bien sûr les penseurs
critiques qui se sont affranchis des préceptes religieux) a-t-elle
adopté l’idée d’un peuple juif aux origines biologiques parfaitement
distinctes et pures de toutes interférences sanguines. Ces origines
remonteraient à Abraham, patriarche dont la descendance par Isaak
aurait fondé les douze tribus formant le peuple juif et la race juive.
Et si le peuple juif se retrouve à présent disséminé sur la quasi-
totalité du globe, ce serait en raison de l’exil forcé auquel le
soumirent les armées babylonienne (772 av. J.C) et assyrienne (586 av.
J.C) après avoir détruit le premier Temple ; puis l’empire romain
d’Orient et la toute nouvelle religion monothéiste (le Christianisme)
apparue sur les lieux mêmes où le judaïsme prit racine – la Judée –
qui détruisirent le second Temple en 77 après J.C. Telle est la
mythologie nationale de l’Etat hébreu contemporain, alimentée tout au
long des siècles par des penseurs imbus de la supériorité supposée du
peuple juif sur les autres peuples en ce qu’il aurait tout entier
découlé de la semence d’Abraham. Bien que la religion juive ne soit
pas née en Judée mais en Mésopotamie après l’Exil et qu’elle s’y soit
seulement implantée pour se diffuser ensuite dans le pourtour de la
Méditerranée avant et après l’apparition du christianisme, un
glissement sémantique se fit jour donc de ce que l’on peut appeler a
posteriori la «judaïcité» vers le judaïsme, «concept qui caractérise
une civilisation religieuse d’une nature nouvelle» et qui fait
coïncider religion, territoire et ethnie. Quand se produisit ce que
les juifs appellent l’Exil, c’est en référence à la Judée comme patrie
originelle du judaïsme qu’ils le définissent en dépit de cette
mystification et du caractère parfaitement mythologique de l’ampleur
de l’Exode. Aux dires mêmes des auteurs juifs de l’Antiquité et du
Moyen-âge (suivis en cela par les auteurs juifs d’avant l’avènement du
sionisme), la diffusion du judaïsme à travers les continents fut en
réalité le fruit de conversions de communautés entières dont les liens
du sang avec la prétendue descendance d’Abraham est pure affabulation.
L’importance de ce phénomène est tel qu’on vit naître des royaumes
fort éloignés de Judée ayant adopté le judaïsme comme religion
officielle. Sans même remonter aux époques fort anciennes où de petits
royaumes de confession juive se formèrent dans la partie nord et est
du Bassin méditerranéen, de nombreux vestiges archéologiques attestent
de l’existence d’un royaume de confession juive dans le sud de la
péninsule arabique (sur le territoire de l’actuel Yémen) dénommé
royaume himyarite, et ce alors même que la religion chrétienne avait
triomphé de son aînée et néanmoins rivale : le judaïsme. Par ailleurs,
le judaïsme a gagné la Corne de l’Afrique où apparut une communauté de
confession juive (les Falashas) que leurs coreligionnaires de l’Etat
hébreu moderne tinrent il y a quelques décennies éloignés de la Terre
promise vers laquelle pourtant ils favorisèrent l’émigration des
communautés juives d’Europe et d’Amérique ; ce qui suppose qu’ils ne
leur reconnurent pas la même ascendance. Ce fut aux environs de l’an
380 que les Himyarite se convertirent au judaïsme et leur royaume dura
jusque vers l’an 450 de notre ère. Sur la rive sud de la Méditerranée
(y compris sur des portions du territoire de l’ancienne Numidie et
actuelle Algérie), le judaïsme s’implanta aussi, puisque des
communautés juives y ont existé jusqu’à l’avènement de l’Islam et peut-
être même bien après : les historiens affirment que le royaume de la
mystérieuse et néanmoins vaillante Dihya que les arabes surnommèrent
Kahina fut de confession juive. Plus près de nous, dans une contrée
très éloignée de Judée, a existé de façon certaine un royaume de
confession juive dénommé la Khazarie, dont le territoire englobait une
grande partie des territoires des actuels pays d’Europe centrale et
orientale : il s’étendait de Kiev au nord-ouest à la Crimée au sud et
de la Volga à la Géorgie. Ce royaume fut constitué d’un grand nombre
d’ethnies aux parlers divers et variés, allant des Alains aux Bulgares
et des Magyars aux Slaves. Le royaume des Khazars a adopté la religion
juive vers l’an 740 et l’a conservée jusqu’à son effondrement en l’an
1016 de notre ère sous les coups conjugués des armées byzantines et
russes. Mais la religion juive lui survécut, ce qui explique
l’importance numérique actuelle des Juifs d’Europe de l’Est (appelés
juifs ashkénazes) relativement à toutes les autres communautés de
confession juive de par le monde (notamment les juifs sépharade
originaires du Moyen-Orient). Avec l’avènement du sionisme, mouvement
extrémiste né au 19e siècle à l’instigation de penseurs juifs comme
Heinrich Graetz, le phénomène des conversions au judaïsme fut minimisé
– voire complètement nié – parce qu’il s’inscrivait en faux contre la
prétendue origine (raciale et territoriale) commune de tous les Juifs
du monde dont l’Exil aurait favorisé la dissémination sur la quasi-
totalité du globe. Le mythe de l’Exil, qui fut mobilisé pour prôner le
retour des Juifs en Palestine tout au long du 19e siècle et du premier
tiers du 20e est, depuis l’instauration de l’Etat d’Israël sur une
partie de celle-ci en 1948, à la base de l’idéologie expansionniste de
l’Etat hébreu au motif que la Judée (englobant, avec la Samarie, la
totalité du territoire actuel de la Cisjordanie), est le berceau du
judaïsme et la terre natale des ancêtres de tous les Juifs du monde.
On voit bien dès lors la fonction idéologique que l’on fait jouer à
l’Exode (en plus de celle, mobilisée de longue date déjà, consistant à
culpabiliser les adeptes des autres religions et les citoyens des
autres Etats pour la responsabilité supposée de leurs ancêtres dans
l’avènement de l’Exil) : elle consiste à prétendre que les habitants
actuels de Judée sont les descendants d’envahisseurs et que c’est un
juste retour des choses de les en expulser pour y installer les
immigrés juifs en provenance de tous les pays. Le besoin de
reconnaissance d’Israël comme Etat du peuple juif, qui se traduit en
une condition préalable aux négociations avec l’Autorité palestinienne
imposée par les gouvernements israéliens successifs, s’inscrit dans la
logique de la «récupération» de tous les territoires de Judée et de
Samarie, lesquels se confondent avec la Palestine si même ils ne la
débordent pas pour englober certaines portions du Sud Liban, de
l’Ouest jordanien et du Sud syrien (le tout formant ce que les
extrémistes religieux de l’Etat hébreu appellent le Grand Israël).
Autant dire que la satisfaction d’une pareille exigence par les
Palestiniens reviendrait à nier leur propre existence en tant que
nation et en tant que peuple dont l’histoire, dans sa dimension
séculière, ressemble à celle de tous les peuples : à savoir un peuple
pluriethnique, pluriconfessionnel et, sur la longue durée,
plurilinguistique. Dans cette logique, les autorités israéliennes et
les idéologues de l’Etat hébreu passent complètement sous silence le
fait que l’Exode n’a concerné en réalité qu’une minorité des habitants
de la Judée antique, celle qui représentait l’élite et dont les
régimes babylonien et assyrien avaient grand besoin pour se
développer. Dans cette éventualité, et comme c’est en général le cas
dans tous les mouvements de population dans l’histoire de l’humanité,
on peut supposer à bon droit qu’une partie au moins des habitants
actuels de Cisjordanie sont originaires de Judée et de Samarie et sont
de même ascendance que les juifs les plus en lignée avec les habitants
des royaumes juifs antiques de Judée et de Samarie. C’est plus par
acculturation que par colonisation de peuplement qu’ils ont acquis au
fil de l’histoire leur appartenance aux peuples arabes, comme quoi la
notion de peuple est un construit social et historique qui contraste
fortement avec son interprétation idéologique, connotée de racisme,
telle que la promeuvent les penseurs juifs depuis l’avènement du
sionisme. Ce dernier ayant phagocyté ou à tout le moins influencé tous
les autres mouvements intellectuels juifs, on peut imaginer la
conséquence immédiate pour le peuple palestinien de la satisfaction
d’une pareille exigence : elle consisterait à vider de leur contenu
les résolutions 242 et 338 de l’ONU qui lui garantissent, ne serait-ce
que dans le principe, le droit à l’instauration d’un Etat national sur
les frontières d’avant la guerre des Six Jours. Ce ne serait pas
seulement alors le début d’un processus de dé-crédibilisation de
l’instance onusienne : ce serait aussi une façon de faire prévaloir le
droit canon en vigueur dans un seul pays – Israël – sur le droit
international, de caractère positif, accepté par les 193 pays membres
de l’ONU. Cela ne manquera évidemment pas de conforter tous les
extrémismes religieux de par le monde (et en particulier dans le monde
musulman, lequel souffre déjà bien assez de leurs méfaits dont le
moindre n’est pas le terrorisme aveugle). Conclusion. En ces temps de
développement exponentiel des armes de destruction massive (dont les
armes atomiques ne sont pas les moins dévastatrices), pareille
perspective pourrait bien annoncer le commencement de la fin de
l’humanité. On prête à André Malraux l’idée selon laquelle le 21e
siècle sera religieux ou ne sera pas : il risque bien dans
l’éventualité évoquée de ne pas être, étant donné la virulence de
conflits interreligieux et la violence que les extrémistes religieux
imposent à la société dans chaque pays où ils en imposent même aux
autorités politiques qui se réclament formellement du droit séculier.
Mais c’est au Proche-Orient que le sort de l’humanité se jouera de
nouveau si non seulement les hommes, mais les Etats ne font pas preuve
de conciliation par-delà leurs idéologies religieuses.
A. A.